Maria Grazia Calandrone (Milan, 1964, vit à Rome) est l’une des voix les plus puissantes de la littérature italienne. Elle est poétesse, journaliste, dramaturge, plasticienne, interprète, organisatrice culturelle, enseignante, auteure et présentatrice de programmes culturels pour RaiRadio3. Elle écrit pour les journaux « Il manifesto » et « Corriere della Sera »et anime des ateliers gratuits dans les écoles, les prisons, le DSM et auprès des patients atteints de la maladie d’Alzheimer. Elle est bénévole au « Piccoli Maestri », une école de lecture pour enfants et elle est également  la réalisatrice de la série d’entretiens I volontari, un documentaire sur l’accueil des migrants et l’auteure du reportage vidéo sur Sarajevo Viaggio in una guerra non finita. Actuellement elle travaille sur Ti chiamavo col pianto, un livre-enquête sur les victimes de la justice pour mineurs en Italie.  Parmi les œuvres poétiques on citera : La scimmia randagia (2003), La macchina responsabile (2007), La vita chiara (2011), Serie fossile (2015), Gli Scomparsi – storie da “Chi l’ha visto?” (2016, Premio Dessì), Il bene morale (2017), Giardino della gioia (2019). C’est en 2011  qu’est  publié son premier roman L’infinito mélo, suivi de Splendi come vita (2021) et du texte autobiographique Dove non mi hai portata (2022, finaliste du prix Strega 2023).

Son site Web est www.mariagraziacalandrone.it

 

Présentation du livre Dove non mi hai portata.

  1. Un homme et une femme, après avoir abandonné leur fille de huit mois dans le parc de la Villa Borghèse, font un geste extrême. 2021. Cette enfant abandonnée était Maria Grazia Calandrone. Déterminée à découvrir la vérité, elle retourne dans les endroits où sa mère a vécu, souffert, travaillé et aimé. Et, en enquêtant sur le passé, elle éclaire sa vie d’un jour nouveau.

Dove non mi hai portata (Là où tu ne m’as pas emmenée) est un livre intime mais public, profondément émouvant et en même temps très lucide. Traversant le miroir du temps, il raconte un pan de l’histoire italienne d’après-guerre et d’une Italie empêtrée dans des dynamiques domestiques encore ancestrales et dans des lois coercitives difficiles à déjouer. Mais c’est aussi une enquête sentimentale qui ne laisse aucune issue à personne, pas même au lecteur.

Ainsi Calandrone esquisse aussi la question féminine de l’Italie lancée dans la reconstruction. Lucia Galante, c’est le nom de la mère retrouvée, avait fui un mari violent qu’elle avait été forcée d’épouser et qui l’humiliait chaque jour. Lucia s’enfuit dans l’espoir de refaire sa vie avec l’homme qu’elle aime, Giuseppe. Mais malheureusement en raison de la loi de l’époque, la femme s’est rendue coupable de crimes graves : adultère et abandon du domicile conjugal. Dans cette Italie convaincue de se lancer vers le progrès et l’émancipation, il n’y avait pas encore de place pour un concept d’amour «libre».

Quand Lucia et Giuseppe arrivent à Rome ils ont avec eux leur fille de huit mois, ils sont amoureux mais incapables de se libérer, traqués par la loi qui ne reconnaît pas leur amour. Avant de se glisser dans les eaux du Tibre dans des circonstances mystérieuses, le couple laisse la petite fille sur une pelouse de la Villa Borghèse, espérant que quelqu’un prendra soin d’elle. Plus de cinquante ans plus tard, cette petite fille, devenue à son tour mère, entreprend de reconstituer ce qui est réellement arrivé à ses parents. Telle une détective, Maria Grazia Calandrone reconstitue la séquence de mouvements de Lucia et Giuseppe, énumère les objets abandonnés derrière eux, s’enquiert du temps qu’il faut pour qu’un corps meure dans l’eau et du fonctionnement de la poste en 1965, pour comprendre quand et où ses parents ont envoyé la lettre à «l’Unità» qui explique leur geste en quelques mots.

Après Splendi come vita, dans lequel l’auteur affrontait la relation difficile avec sa mère adoptive, Dove non mi hai portata explore si possible un nœud encore plus intime et complexe. En enquêtant sur l’histoire des parents grâce aux articles de presse de l’époque, Calandrone dresse le portrait d’une Italie fatiguée de la guerre mais pas des règles coercitives. Un pays qui a poussé une femme forte, pleine de vie, à se sentir perdue et sans issue. Jusqu’à ce qu’elle paie de sa vie son choix d’amour.

Cette rencontre  n’aurait pas pu être  réalisée sans le précieux concours de Andrea Annessi Mecci, photographe et enseignant  en matières littéraires, à qui nous devons l’élaboration des questions proposées au cours de la séance.

Lecture de quelques textes du roman par l’actrice et poétesse Annie Pempinello.

Traduction de l’interview par Alessio Loreti, enseignant et guide conférencier

En partenariat avec la librairie L’odeur du temps à Marseille et la librairie Book in bar à Aix-en-Provence.

Renseignements au 06 62 81 05 13